Aujourd’hui dimanche 15 juin, une bande de passionnés des Nizinny s’est retrouvée à la bergerie des 3 Pouyous, cachée au fond des Vosges. L’objectif : faire goûter à leurs bêtes à poils un peu de ce pour quoi elles ont été sélectionnées il y a des siècles de cela.

Parce que le Nizinny, vous vous en doutez, n’est pas un chien de canapé. De son nom complet Polski Owczarek Nizinny, qui signifie chien de berger de plaines Polonais, ce joyeux compagnon a pour métier officiel la conduite des troupeaux de moutons. Et ce n’est pas une mince affaire. Au grand dam de Christophe Portelette, l’hôte de cette manifestation et berger de profession, cela fait un moment que la sélection des Nizinny, comme pour la plupart des races de travail, se fait sur des critères de beauté essentiellement. Mais les millions d’années de sélection naturelle, les siècles de sélection humaine n’ont pas été effacés par une poignée d’expositions de beauté ! Chez la plupart des chiens de bergers, l’envie de courir après les moutons est toujours aussi présente : aujourd’hui c’est l’occasion de vérifier.

Le chien au troupeau

 

Il ne s’agit pas aujourd’hui de former des chiens de bergers. Les professionnels passent deux à trois ans, à raison de plusieurs heures par semaine et par chien, pour former leurs apprentis ! Aujourd’hui il s’agit de réveiller l’envie, et d’initier nos chiens à cette discipline. La journée commence par un bref topo de la part de notre berger. Selon lui, le troupeau est la discipline la plus complète et la plus épanouissante qui soit. Christophe ne fait pas dans la demi-mesure : le troupeau, dit-il, remplace avantageusement toutes les autres disciplines, l’obéissance, le pistage, l’agility… Force est de constater que cette activité nécessite de mobiliser le chien physiquement et mentalement, de faire travailler ses instincts tout en maintenant le contact avec son maître. C’est là dessus que nos 10 Niz’s devront bûcher, l’objectif est de les amener auprès des moutons, de les intéresser à courir après, et de les arrêter quand on l’estime nécessaire. Christophe s’est renseigné sur la race, car il existe différents courants chez les chiens de bergers. Les Nizinny croient aux valeurs ancestrales de la laine et du jarret. D’après notre berger, ce sont des talonneurs. Comprenez : ils foncent aux fesses des moutons en leur aboyant dessus pour les faire bouger. Reste à tester en situation !

Le moment de vérité

 

Très vite, on passe aux choses sérieuses : Les moutons arrivent, et sont placés dans un enclos d’une vingtaine de mètres de diamètre. C’est l’occasion pour le berger de montrer les professionnels à l’œuvre. Certains Nizinny ici présents ont déjà vu des moutons, ceux là foncent à gorge déployée vers leurs proies, et il s’agit pour les maîtres de parvenir à les immobiliser à l’endroit adéquat pour déplacer le troupeau là où il le souhaite. L’expérience est remarquable, ce troupeau paisible et immobile, qui ignore complètement les humains qui le traverse, qui les appelle, qui les tire ou qui les pousse ; ce troupeau se déplace vivement dés qu’un chien l’approche avec l’attitude qui convient, fuyant son prédateur avec hâte. L’expérience n’est pas toujours couronnée de succès. Pour certains chiens, l’intérêt de courir après un mouton qu’ils ne mangeront même pas n’est pas flagrant. Nos joyeux maîtres ne perdent pas espoir, et vont courir avec leur chien jusqu’au troupeau, pour essayer d’animer les bêtes et titiller les instincts des chiens. Finalement, peu de chiens restent insensibles longtemps, et on les voit vite courir avec envie après les bêtes à laine. Déjà ? semblent-ils demander quand on les rattache pour laisser la place au copain suivant !

On y reviendra

 

Finalement, la journée se déroule et on essaye d’impliquer un peu plus les chiens, en continuant d’essayer de motiver les quelques réfractaires. Le plus grand plaisir est lorsque, les moutons sortis de l’enclos, on peut foncer dedans comme dans un jeu de quille pour ensuite courir après chacun d’entre eux dans tout le champ ! Christophe regarde d’un air désapprobateur, et sermonne les chiens et les maîtres ; il semblerait que les bons bergers aient plus de discipline que ça. Quand vient l’heure du bilan, on fait le point et on constate non sans une certaine fierté que nos chiens ont gardé leurs instincts et leurs aptitudes naturelles à travailler auprès de l’homme. Sur les 10 Nizinny présents, seuls 4 sont restés insensibles à cette activité. Et même un des bergers de podhale (le cousin des Nizinny, destiné à la protection des troupeaux plus qu’à sa conduite) qui était venu s’est pris au jeu de la course à la brebis. Maintenant, plusieurs possibilités s’offrent à ceux qui souhaitent poursuivre l’expérience : On peut y revenir, de nombreux bergers proposent d’accompagner les particuliers qui souhaitent faire travailler leur chien au troupeau sur une ou plusieurs journées. Les plus motivés choisiront de s’entraîner un peu plus, et de rejoindre les pratiquants de la discipline en compétition. Un travail de longue haleine les attend avant de pouvoir participer à l’une des compétitions organisée par la commission d’utilisation http://cun-cbg.com/ On espère très fort voir un jour un de nos Nizinny diriger un vrai troupeau de moutons, comme les pros !